Fin d’interdiction d’échouer

Rédactrice Nathalie Graffand Boyé

Il est temps, il est l’heure, le moment est venu !
L’heure de la fin d’interdiction d’échouer a sonné !

Comment un pays comme la France peut-il en être là ? Comment la France peut-elle être dans le peloton de queue en termes de nombre de créations d’entreprises ? Comment ce pays qui regorge d’intelligences, de ressources et de beautés, peut-il décourager, dissuader, empêcher même ses créateurs d’entreprises en tous genres ! Comment devenir moins frileux, moins peureux, plus entrepreneurs, pour notre plus grand bonheur à tous ?

L’expérience personnelle, sincère et touchante de Claire Blondel (TEDx Lyon du 10/11/2011), au travers des aventures de ses filles à l’école (en Asie puis en France) ainsi que le bref récit de son parcours de créatrice d’école en France, éclaire sur la manière dont nous nous y prenons pour tuer dans l’œuf l’enthousiasme entrepreneurial de l’adulte en éteignant parfois jusqu’au plaisir d’apprendre de l’enfant !

Nous sommes les champions de la peur de l’échec, la règle étant qu’il est interdit de se tromper !

Moi cette règle absurde, elle a failli me tuer. Oui, j’ai bien faillit mourir, à l’âge de 13 ans, qu’on ne m’ait pas donné le droit d’oser ma voie, le droit d’y croire, le droit de tenter ma chance, au nom de cette interdiction de se tromper qui plane sur tous et infiltre l’école !

A l’âge de 10 ans, lors des évaluations sportives d’entrée au collège, ont été détectées chez moi des qualités de sprinteuses. J’avais en effet couru la distance imposée avec une rapidité surprenante et inhabituelle pour une fille de mon âge et il a fallu s’y reprendre à 2 fois pour confirmer que mes temps s’approchaient plutôt de ceux des meilleurs garçons de ma classe d’âge que de ceux des fillettes. Il faut dire que je m’étais entrainée durant toutes mes classes de primaire pour être digne d’une place au milieu des jeux sportifs des garçons plutôt que dans l’univers de poupées.
J’adorais courir vite ! J’adorais cette sensation de puissance et de liberté que mon corps me donnait.
J’aimais tellement courir vite que j’ai naturellement accepté de faire partie du club du collège puis de celui de la ville. Dès la 6ème, entre les entrainements et les compétitions, je faisais 15 à 20 heures de sport par semaine. Presque un mi-temps ! Et en dehors de mon plus que plein temps de collégiennes bien sur, qui m’occupait, trajets et devoirs compris, dans les 45-50 heures ! Deux fois par semaine, je traversais la ville à pied après la journée de collège pour me rendre au stade d’entrainement et rentrais vers 20 heures par le dernier car, la dernière à la maison, devoirs pas encore faits ! La plupart du temps, j’avais quitté la maison peu avant 7 heures le matin.
Malgré ces conditions et ces durées de travail qu’aucun adulte salarié n’aurait accepté, j’étais heureuse et motivée pour tout et j’avais la chance d’être encouragée et soutenue par mes parents qui ont eux aussi ajouté quelques km au compteur pour me conduire un peu partout participer à des compétitions régionales et départementales.
Je gagnais tout. Peut-être parce que je ne courais pas pour gagner mais pour sentir encore et encore la puissance et la liberté que me procuraient une foulée sans entrave, des appuis assurés, un départ libératoire… A l’adolescence, ce genre d’expérience, ça donne des ailes, ça apprend la confiance, la persévérance,

Ce que j’ai gardé aujourd’hui c’est une émotion quelque peu « augmentée » et incontrôlable devant tout exploit humain en général, et sportif en particulier, et surtout un énergisant mélange d’exaltation, joie et admiration, lorsque je suis témoin direct ou indirect de la réussite de quelqu’un qui ose sa voie et se réalise au gré des vents, des grains, des échecs et des réussites.
Mon enthousiasme est décuplé lorsque je coache et accompagne quelqu’un qui se débat au milieu de ces peurs, les siennes et celles des autres, jusqu’à sortir la tête de son bocal, jusqu’à trouver son sens et jusqu’à faire le premier pas

J’ai été très touchée par cette conférence qui invite à entrer dans une nouvelle aire, celle de donner à nos enfants le droit de se tromper, car j’ai faillit mourir, à l’âge de 13 ans, qu’on ne me l’ait pas donné !

Les 4 conséquences les plus évidentes décrites par Claire Blondel :
– Intolérance et croyance de « supériorité »
– Mauvaise estime de soi par focalisation sur les erreurs plutôt que sur les réussites et les forces
– Responsabilité et contrôle autonome (le référent est externe, la sanction vient de l’extérieur)
– Manque de persévérance

Il est interdit à toute embarcation de s’échouer sur cette plage !